Un projet avec Sébastien Kohler
Une ville en songe, à l’architecture futuriste, enveloppée d’un halo mystérieux, capitale d’un continent à la dérive : Plasticity.
Cette mégalopole malléable, en expansion, sombre et inhabitée, résulte de la mise en scène des artefacts que nous produisons, consommons et jetons par milliard de tonnes depuis plusieurs décennies et qui finissent, en bonne partie, par dériver au milieu des océans.
Nous, humains, répartis inégalement sur six continents, nous concentrons pour moitié sur moins de 2% des terres émergées, qui elles-mêmes ne représentent qu’un tiers de la surface terrestre. Nos déchets, en particulier ceux en plastique, non assimilables par l’environnement, ont fini par se retrouver en mer, loin des regards, hors d’atteinte de nos consciences, flottant au gré des courants, puis se condensant grâce aux vortex marins en un « VIIe continent ».
Ce continent de déchets d’origine anthropique, dont Plasticity est la capitale imaginaire, aurait, selon des estimations scientifiques, une étendue égale à 1/6 des USA. Il reste cependant invisible, inhabité et mortel, car cette pollution engendre la mort de la faune marine.
Notre projet est de rendre ce mortifère VIIe continent visible, de lui donner corps, de le matérialiser sous forme sensible pour éclairer nos consciences. À l’origine, nous avons créé une maquette de Plasticity, cette ville imaginaire, à partir de capsules, de récipients et bouchons en plastique arrangés et mis en scène. Il s’agit d’en tirer une douzaine de photographies illustrant son évolution depuis sa création, à l’image du VIIe continent qui, lui aussi, évolue et croît sans cesse. Afin d’insuffler aux visuels une notion onirique, notre choix s’est porté sur la technique du collodion humide sur plaque de verre. Ce procédé, allié à une prise de vue numérique, nous permet une approche dialectique du sujet en créant une zone d’incertitude entre le réel (les artefacts en plastique) et l’irréel (la ville).
- Interview radio Vertigo RTS, 30/08/2018
- - - - - - - - - - - - - - - -
Memories of the Seventh Continent (with Sebastien Kohler)
We see a dreamlike city, with futuristic architecture, that is wrapped in a mysterious halo. This is Plasticity, the capital of a continent born from petrochemical chaos. It is a malleable, floating megalopolis that is forever expanding but remains a dark and unpeopled place, a strange staging ground for the billions of tons of artifacts we have manufactured, consumed and discarded over many decades. Cast adrift in the oceans, they swirl and accumulate into a single monstrous city in the middle of the oceans.
We, the humans, are dispersed unevenly across six continents, in clusters that occupy less than 2% of the land hemisphere—which land accounts, in turn, for only a third of the earth's surface. Our plastic trash, which cannot dissolve in the environment, has ended up in the sea. Out of sight, out of mind, it floats freely with the waves, then is condensed by swirling ocean currents into a new, artificial land mass: the Seventh Continent.
This is a continent of anthropogenic waste, and Plasticity is its imaginary capital. The continent has, according to scientific estimates, a surface area roughly equal to one-sixth of the United States. But it remains invisible and uninhabited—and deadly, because this pollution kills the marine fauna who blindly swallow the free-floating particles of plastic as if they were food.
Our artistic project is to make this lethal seventh continent visible. To incorporate it for our consciences. To give it a material form that we cannot imagine away.
